Il ressort d’une étude statistique réalisée par Livres Hebdo en mai 2018, que sur 731 films sortis en salles en France durant une année, près de 20% étaient des adaptations[1]. On peut en conclure que le public se dirige plus volontiers vers quelque chose qu’il connaît. En effet, parmi les 77 plus gros succès au box-office de 2018 (à plus de 500 000 entrées), la part des adaptations est plus forte et atteint 33%.[2]

Source Etude Livres Hebdo 2018
La même étude de Livres Hebdo établit que les cessions de droits pour une adaptation, versés à l’auteur ou à l’éditeur, représentent entre 2 et 5% du budget de production d’un film. Enfin, les producteurs d’adaptations, d’œuvres françaises ou étrangères, sont plus enclins à choisir une œuvre sous droits, plutôt qu’un ouvrage tombé dans le domaine public.
Selon Gilles Haéri, PDG de Flammarion et président de la Société Civile des éditeurs de langue française (SCELF) cité par Livres Hebdo dans l’étude précitée, le rapprochement des deux industries est une nécessité économique et culturelle[3]. Dans une étude de 2014[4], la même SCELF établissait que 40% des plus grands succès au cinéma étaient issus d’adaptations. Le genre des œuvres les plus adaptées est le roman et la nouvelle, qui représentent à eux seuls 62% du nombre total d’adaptations.
Les adaptations font également l’objet de séries à succès pour la télévision ou les plateformes, contribuant après diffusion à créer un nouvel engouement pour l’œuvre originale. [5] Par ailleurs, il est notable de constater que les scénaristes sont souvent les auteurs de l’œuvre originale[6]. Les exemples sont nombreux en ce sens, dont le plus illustre est sans doute George Martin pour Games of Thrones. La popularité de la série a d’ailleurs été si immense qu’elle a manifestement empêché l’auteur d’achever sa série de romans.
En définitive, le marché des adaptations, loin d’être anecdotique et emportant les faveurs du public, est à même de procurer des contenus qualitatifs est originaux aux acheteurs et producteurs.
[1] Livres Hebdo, 4 mai 2018, Cinéma : les adaptations en chiffres ici
[2] CNC, 14 mars 2019. Les adaptations littéraires au cinéma, une valeur sûre. ici
[3] Gilles Haéri cité par Livres Hebdo « Il est essentiel que les auteurs, et les éditeurs qui les accompagnent, puissent être partie prenante du rayonnement nouveau offert par l’audiovisuel aux œuvres littéraires. Une œuvre de création doit pouvoir vivre et être découverte sous différentes formes, précise-t-il. Le métier de l’éditeur consiste précisément à en assurer l’intégrité et le rayonnement, sous toutes ses formes, y compris sur le terrain audiovisuel. »
[4] ActuaLitté, 24 avril 2014, Cinéma, 40% des grands succès sont des adaptations, Antoine Oury. ici
[5] 20 Minutes 15 janvier 2021 La chronique des Bridgerton : son succès lui vaut une réédition en poche ici
Voir également en ce sens Revue critique de fixxion française, L’influence des adaptations cinématographiques sur les ventes de livres en France, Lylette Lacôte-Gabrysiak et Adeline Clerc-Florimond, 15 décembre 2017 ici
[6] ActuaLitté, 4 janvier 2016 La littérature reste un puissant creuset d’inspiration pour les séries, Nicolas Gary ici